La présence des loups a aussi des effets bénéfiques

4 décembre 2021 

COMMNUNIQUE DE PRESSE 

La Fédération de chasse de Haute-Vienne a identifié le 2 décembre un loup sur la commune de Champagnac-la-Rivière en Haute-Vienne. Dans un communiqué, la Coordination rurale 87 a déclaré : « un loup sur son territoire est un loup de trop. Nous n’attendrons pas les conclusions toujours trop tardives des agents de l’OFB pour régler le problème. 

En Haute-Vienne, nous avons du plomb et du poison et nous régulerons par nous-même ! » Si nous comprenons parfaitement l’inquiétude légitime des éleveurs vis-à-vis du loup, les causes de la crise de l’élevage et de la détresse du monde paysan sont ailleurs. La concurrence internationale associée à la prédation des grandes centrales d’achat est l’une des principales causes qui met en péril le pastoralisme traditionnel. 

Le réchauffement climatique a aussi des conséquences sur le pastoralisme. Rappelons qu’en 2019, 3 742 attaques ont eu lieu contre près de 12 500 animaux, en majorité des ovins. Les cheptels ovins et caprins sont composés respectivement de 6,93 millions et 1,3 millions de bêtes (soit moins de 0,2% d’ovins tués par le loup). Le taux de survie des loups est en baisse en 2020, ce qui peut s’expliquer notamment par le braconnage ou des accidents de la route d’après l’Office Français de la Biodiversité. 

Or la présence de ces canidés a de nombreux effets bénéfiques sur l’économie locale et sur les écosystèmes, en particulier, en régulant les populations de cervidés. Le retour des loups est un processus naturel, conséquence de la protection légale que leur accorde la convention de Berne de 1979 mais surtout de l’augmentation spectaculaire du nombre de leurs proies. 

Cette augmentation a des conséquences sur la biodiversité. Ainsi, dans les forêts, l’abondance de cervidés empêche la régénération des jeunes arbres et favorise le compactage des sols. Des études menées au Canada, ont montré qu’en l’absence de prédateurs des cervidés, 90 % de la végétation du sous-bois disparaissait. Or cette diminution de la végétation basse entraîne la disparition ou la forte raréfaction de nombreux invertébrés, dont les insectes pollinisateurs. 

Les communautés de vertébrés sont également touchées, en particulier les oiseaux qui nichent au sol ou dans le sous-bois, et qui, pour la plupart, dépendent des invertébrés pour se nourrir. En France, les dégâts occasionnés par les cervidés à l’agriculture (et sylviculture) sont estimés à entre 15 et 20 millions d’euros en 2017. Enfin, bien que peu médiatisées, des conséquences sur les vies humaines existent également. 

Chaque année, des milliers de chevreuils entrent en collision avec des véhicules, provoquant des dizaine de morts et des milliers de blessés, pour un coût global de réparations en Europe estimé à plus d’un milliard d’euros. Enfin, les fortes concentrations de cerfs favoriseraient également la propagation, via les tiques, de maladies. Il faut donc restaurer un équilibre de l’écosystème au profit de toutes les espèces. 

 Enfin, au contraire d’effrayer les vacanciers, le loup est un atout pour le tourisme de terroir et l’activité économique du monde rural et des paysans (fermes-auberges, vente à la ferme, accompagnement de sortie naturaliste,…). Les touristes sont attirés par l’image d’une nature sauvage que la présence du loup entretient. Il faut donc à la fois protéger les éleveurs et les agriculteurs (370 se suicident chaque année en France), en rémunérant justement leur travail, et le loup. 

La biodiversité est une chance : ne nous trompons pas de combat ! Les écologistes sont bien sûr prêts à en discuter avec les éleveurs. 

 Le Co-secrétaire régional d’EELV Limousin Pierre BAENA 

 crédits photos : Christian Mehlführer, User:Chmehl, CC BY 2.5, via Wikimedia Commons